Il y a quelques jours, Airbus espérait encore une étroite fenêtre météo pour livrer son premier A380 à Singapour Airlines. Juste quelques heures de ciel bleu pour oublier les retards, les batailles et les scandales qui ont affectées l’image de l’avionneur européen. Lundi matin la livraison du premier exemplaire de l'A380, l'avion géant d'Airbus a commencé, lors d'une cérémonie à Toulouse.
Jusqu'au bout, le secret a été bien gardé sur l'aménagement intérieur de ce paquebot des airs de 471 places. Tout particulièrement, sur les 12 nouvelles suites installées sur le pont principal et les 60 classes affaires du premier étage.
Le vol inaugural aura lieu le 25 octobre. Il emmènera, outre les invités, les passagers ayant acheté leurs billets aux enchères sur eBay. La recette, estimée à 1,3 million de dollars (0,9 million d'euros), sera entièrement reversée à des œuvres caritatives.
Singapore Airlines entend profiter de son avance sur ses concurrentes, qui ne recevront leurs A380 qu'à partir de l'année prochaine. Etre la première compagnie à utiliser l'avion avait été une des conditions posées par le transporteur asiatique pour faire partie des "compagnies de lancement" de l'avion géant, aux côtés notamment d'Emirates, de Qantas, d'Air France et de Lufthansa. Etre le premier en termes d'image est essentiel. Ainsi, Lufthansa et Air France ont été en compétition pour être la première compagnie européenne à voler en A380 en 2009. La compagnie française l'a emporté sur sa concurrente allemande.
Quand un constructeur aéronautique décide de lancer un nouvel avion, il propose aux compagnies aériennes d'être associées au programme. Elles n'apportent pas d'argent, mais leur expertise. Au sein de groupes de travail, elles suggèrent des aménagements ou des améliorations à apporter à l'avion. Ainsi par exemple, une de leurs exigences a porté sur le niveau de bruit de l'A380. Elles ont demandé qu'il soit le plus bas possible pour pouvoir décoller très tôt ou atterrir très tard à Heathrow, l'aéroport de Londres – le troisième au monde en termes de trafic, après Chicago et Atlanta –, en gênant au minimum les habitants riverains des pistes.
En contrepartie, les compagnies de lancement s'engagent à acheter le nouvel avion, et bénéficient pour cela de tarifs avantageux. Avec ces premières commandes fermes, l'avionneur peut lancer la production industrielle de l'appareil. Car l'investissement est colossal : pour l'A380, il s'élève à 10,7 milliards de dollars, soit l'équivalent du coût du tunnel sous la Manche.
Reste maintenant à être sûr que les ennuis industriels d'Airbus sont désormais terminés, et que l'avionneur sera capable de tenir ses livraisons et son objectif de sortir quatre avions par mois à partir de 2010.
Extraits du "Le Monde", 15.10.2007
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